La saison internationale d’escalade a officiellement démarré ce week-end à Munich avec la première étape de la Coupe d’Europe de bloc. L’événement a rassemblé un plateau relevé, avec près de 160 grimpeurs et grimpeuses venus se confronter aux premiers blocs de la saison. Parmi eux, une solide délégation française qui n’a pas manqué de d'exceller.
Et c’est un tricolore qui s’est imposé chez les hommes : Thomas Lemagner. À seulement 19 ans, ce jeune grimpeur s’entraîne depuis cinq ans au Pôle Espoir de Toulouse et ne cesse de progresser sur la scène nationale et internationale. Déjà en grande forme après sa victoire au sélectif Équipe de France, il a su confirmer son statut en dominant la compétition. De la phase de qualification jusqu’à la finale, il a maîtrisé son ascension, décrochant la première place grâce à une prestation impressionnante. Un succès qui le place idéalement pour la suite de la saison et ses ambitions internationales.
Avant de se projeter sur les prochaines échéances, il revient avec nous sur son parcours, son ressenti durant cette compétition et ses objectifs à venir.

Salut Thomas, Peux-tu nous raconter globalement la compétition ? Comment as-tu vécu chaque étape : les qualifications, les demi-finales et la finale ?
"Les qualifications, c’était plutôt cool dans l’ensemble. Ils prenaient 24 grimpeurs en demi-finale, donc il y avait une certaine marge, mais ce tour reste crucial. Il faut trouver le bon équilibre entre assurer sa place et ne pas trop puiser dans ses réserves. On peut facilement perdre de l’énergie, ce qui peut coûter cher pour la suite de la compétition.
En demi-finale, le niveau est monté d’un cran avec des blocs vraiment exigeants. Chaque mouvement comptait et j’ai dû m’accrocher jusqu’au bout. J’ai réussi à sortir deux blocs dans les dix dernières secondes, ce qui a rendu la fin de ce tour particulièrement intense ! C’était chaud, mais cette performance m’a permis de prendre la tête du classement avant la finale.
Arrivé en finale, j’avais une seule idée en tête : aller chercher la victoire. J’étais ultra motivé, avec le couteau entre les dents. Passer dernier était à la fois stressant et stimulant : je savais exactement ce que je devais faire pour l’emporter, mais ça ajoutait aussi une pression supplémentaire. Heureusement, j’ai réussi à garder mon sang-froid et à tout donner pour décrocher la première place !"
Quel a été le moment clé de cette finale pour toi ? Y a-t-il un passage où tu as senti que la victoire était possible ?
"Pour moi, le moment clé s’est joué dès la lecture des blocs. J’ai tout de suite senti qu’ils me convenaient bien. Les styles de mouvements, les prises, les enchaînements… Tout me parlait. Cette première impression a été déterminante, car elle m’a mis en confiance avant même d’attaquer mon circuit.
L’aspect mental est crucial, et sentir dès le départ que les blocs sont dans ton registre te donne un vrai avantage psychologique. À partir de ce moment-là, je savais que j’avais une belle opportunité de m’imposer. Restait à transformer cette confiance en performance sur le mur, et heureusement, tout s’est bien enchaîné !"
Les blocs en finale semblaient très exigeants techniquement. Quel a été le plus difficile pour toi et pourquoi ?
"Le moment le plus difficile pour moi est arrivé juste après le premier bloc. Une fois terminé, j’ai vu que les blocs 2 et 3 sortaient, ce qui signifiait qu’il fallait absolument que je les valide si je voulais rester en course pour la victoire.
À ce stade, la difficulté n’était pas seulement physique, mais surtout mentale. Je savais que la moindre erreur pouvait me coûter la première place, et cette pression rendait chaque essai encore plus intense. Il fallait trouver le bon équilibre entre engagement total et lucidité, ne pas se précipiter tout en restant efficace. Gérer ce type de situation est toujours un défi, mais j’ai réussi à rester concentré et à enchaîner ces blocs pour aller chercher la victoire !"

Comment as-tu géré la pression d’être dernier à passer en finale ? C’est un avantage ou un inconvénient selon toi ?
"C’est à la fois un avantage et un inconvénient. Quand tu passes premier, tu n’as rien à perdre, tu grimpes à fond sans trop te poser de questions, et tu te focalises uniquement sur ta propre performance. Il n’y a pas encore de repères, pas de comparaisons possibles avec les autres compétiteurs.
En revanche, passer dernier te donne une vision plus claire de la compétition. Tu sais plus ou moins ce que les autres ont réussi, combien de blocs ils ont validés et ce qu’il te reste à faire pour aller chercher la victoire. C’est un atout stratégique, mais cela ajoute aussi une grosse pression. Il faut réussir à la transformer en énergie positive plutôt que de la subir. Si tu te laisses envahir par le stress, tu peux vite perdre tes moyens, mais si tu arrives à la canaliser, elle peut devenir un vrai moteur de performance."
Tu sortais d’une victoire au sélectif Équipe de France. Comment as-tu abordé cette Coupe d’Europe sur le plan mental ?
"Pour moi, cette Coupe d’Europe était avant tout une étape clé pour faire le point sur ma préparation et ajuster les derniers détails avant les Coupes du Monde. L’objectif n’était pas seulement la performance, mais aussi de tester de nouveaux processus, voir comment je réagissais dans différentes situations et affiner ma gestion de la compétition.
L’un des aspects les plus intéressants de cette finale, c’était de me retrouver dernier à passer, ce qui a ajouté une dimension supplémentaire à la gestion du stress. C’était une excellente mise en situation, car apprendre à performer sous pression est essentiel pour la suite de la saison. Réussir à rester solide mentalement et décrocher ma première victoire en Coupe d’Europe dans ces conditions, c’est une expérience très enrichissante qui va me servir pour les prochaines compétitions !"

Comment travailles-tu ta gestion du stress en compétition ? As-tu des routines spécifiques avant d’attaquer un bloc ?
"Je ne suis pas du genre à avoir des routines strictes ou des rituels très cadrés avant chaque bloc. Je préfère adopter une approche plus instinctive et naturelle. Ce qui m’aide vraiment, c’est de me remémorer de bons moments, des réussites passées, des sensations positives en escalade. Ça me met dans un état d’esprit confiant et détendu.
L’essentiel pour moi, c’est de profiter à fond du moment présent. Plutôt que de trop me focaliser sur l’enjeu ou sur ce qui pourrait mal se passer, j’essaie de prendre du plaisir, d’être pleinement dans l’instant. Cette approche me permet de transformer la pression en une énergie positive et de grimper avec plus de fluidité et de spontanéité."
Cette victoire te met dans une bonne dynamique pour la suite. Quels sont tes objectifs principaux pour les prochaines compétitions ?
"Cette victoire, ainsi que celle du sélectif, m'ont apporté une grande confiance en moi. Elles m'ont réellement prouvé que j'étais prêt sur le plan physique, et c'est vraiment agréable de le constater. Cela me motive encore plus pour la suite. En ce qui concerne les prochaines compétitions, la saison de Coupe du Monde s'annonce longue et exigeante, mais c'est également une opportunité précieuse. L'objectif principal sera de continuer à progresser et, si possible, de viser des podiums, voire des victoires. Chaque compétition sera une occasion d'affiner ma préparation et de donner le meilleur de moi-même pour atteindre ces objectifs."
Les Championnats du Monde à Séoul sont un objectif pour toi. Quels résultats faudrait-il atteindre pour y parvenir ?
"Les Championnats du Monde à Séoul représentent bien sûr l'objectif principal de l'année. C'est une compétition de très haut niveau, et j'y suis pleinement concentré. Cependant, il faudra d'abord obtenir des résultats solides lors des qualifications et des autres compétitions importantes pour pouvoir être sélectionné. La sélection dépendra des performances globales, de la constance et des résultats obtenus tout au long de la saison. Je vais donc me préparer de manière optimale pour maximiser mes chances d'y participer et d'y obtenir les meilleures performances possibles."
Un mot sur Léo Favot qui partage le podium avec toi ? C’est inspirant d’avoir plusieurs Français aussi performants ?
"C'est vraiment inspirant et extrêmement stimulant de partager ces moments avec des athlètes aussi talentueux. Le fait que nous ayons été quatre Français en finale, c'était juste incroyable ! C'est une vraie source de motivation de voir qu'on évolue dans un environnement où la compétition est à la fois intense et solidaire. Quant à Léo, c'est un athlète de grande qualité, mais je pense qu'il a peut-être un peu abusé des magnums chocolat pour espérer décrocher la victoire cette fois-ci ! Plus sérieusement, il reste un concurrent redoutable et c'est un plaisir de le retrouver sur le podium avec nous."
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Incroyable ! Félicitations Thomas