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Des JO de Paris à son enchaînement de "Change" : Alex Megos nous raconte

Dernière mise à jour : 26 août

Cet article est disponible en français et en anglais / This article is available in French and English.


Les Jeux Olympiques de Paris 2024 marquaient un tournant pour beaucoup d'athlètes, mais pour le grimpeur allemand Alexander Megos, cet événement représentait à la fois un défi et une leçon de résilience. À la suite de son incroyable performance sur "Change", un 9b+ emblématique, il se confie sur ses expériences, ses émotions, et ce que ces deux événements signifient pour lui.



Une préparation olympique avec une fin amère :


Lorsque l'on évoque les JO de Paris avec Alex Megos, son état d'esprit initial apparaît comme plutôt positif :


"Mon état d'esprit en arrivant aux Jeux Olympiques de Paris était plutôt positif. Je n'étais ni nerveux ni stressé, j'étais vraiment impatient de participer à la compétition et je me sentais bien.


Pourtant, malgré ces bonnes sensations, le résultat n'a pas été à la hauteur de ses attentes.


" C'est donc d'autant plus décevant qu'à la fin, malgré mes bonnes sensations, je n'ai pas pu pleinement montrer toute ma force."


Alex avait choisi de concentrer ses efforts d'abord sur le bloc, conscient qu'une journée de repos entre les épreuves lui permettrait de se recentrer sur la difficulté.


" J'ai d'abord choisi de me concentrer sur le bloc, sachant que nous aurions une journée de repos entre les épreuves. Toute mon attention était donc dirigée vers le bloc. Une fois cette épreuve terminée, je savais que je pouvais me recentrer. Après cela, tout mon focus était sur la difficulté. Je n'ai jamais vraiment perçu cela comme une compétition combinée, car il y avait beaucoup de temps entre les épreuves de bloc et de difficulté."


Cependant, malgré une préparation minutieuse et une forme optimale, la déception reste palpable dans ses paroles. Un glissement de pied inattendu l'a empêché de se qualifier pour la finale, et même aujourd'hui, il peine à comprendre ce qui a pu causer cette erreur.


"Ce qui a été le plus difficile à accepter pour moi à Paris, c'est que je me sentais vraiment très fort et en pleine forme sur le mur, mais je n'ai pas pu montrer ma vraie capacité en difficulté. C'est vraiment décevant et frustrant, d'autant plus que toute la saison précédente de difficulté s'était très bien déroulée pour moi. Je ne sais pas exactement ce qui m'a empêché de révéler tout mon potentiel. Parfois, je me dis que c'est simplement une question de malchance. Et honnêtement, je pense que j'ai été vraiment malchanceux avec ce glissement de pied. Tout semblait bien, j'étais dans une bonne dynamique, et puis mon pied a glissé de manière totalement inattendue.

Je ne sais pas exactement combien il me manquait pour accéder aux finales, mais si je n'avais pas glissé, je pense que j'aurais facilement pu y parvenir, car je me sentais vraiment en forme et très fort. Je n'avais pas besoin d'aller très loin dans les voies pour me qualifier. "


Même si la frustration demeure, Alex Megos garde une perspective philosophique sur l'événement.


"Ce que je retiens, c'est que même si je me sentais bien, des imprévus peuvent toujours survenir. Parfois, on ne peut pas tout contrôler, et il faut apprendre à gérer ces situations. L'idéal est de faire beaucoup de compétitions et de s'entraîner pour éviter que ce genre d'erreurs ne se produise. Non, je ne dirais pas que les Jeux Olympiques de Paris ont changé ma perspective sur la compétition en escalade. Cela m'a simplement rappelé que le bloc n'est pas toujours très amusant, et que ce n'est pas toujours captivant à regarder non plus. Par contre, je pense que la difficulté reste intéressante à regarder, même pour les spectateurs qui ne connaissent pas bien l'escalade."




"Change" : Une ascension surprise en Norvège :


Après la déception des JO, Alex ne s'attendait pas à une telle réussite en falaise.


"Quand je suis venu en Norvège, je n'avais pas vraiment l'intention de changer quoi que ce soit. Je voulais simplement partir en vacances et aller grimper quelque part, et la Norvège semblait être un bon choix pour l'été. Alors, ma petite amie et moi y sommes allés. Par la suite, j'avais envie de tenter une autre voie. Mais comme « Change » avait déjà des dégaines en place, car Cork était en train de l'essayer, j'ai décidé de saisir l'opportunité. C'est ainsi que j'ai trouvé mon nouveau projet."


Il nous raconte ...


"La voie se compose de deux longueurs. La première longueur est équivalente à un 9a/9a+, et la deuxième à un 9a. La L1 inclut ce fameux mouvement qui demande beaucoup d'energie avec une prise en boîte très serrée, où vous avez un pied très haut et vous placez un gros genou presque immédiatement après le départ, ce qui permet de ne pas se fatiguer trop rapidement. Ensuite, vous devez faire le premier pas de bloc avant de grimper tranquillement jusqu'au premier relais.


La deuxième longueur est plutôt endurante. Il présente un petit crux au début, et le reste de la voie est peut-être équivalent à un 8b+ technique, mais il est très épuisant, avec de nombreuses sections difficiles. À la fin, l’endurance devient le véritable défi. J’étais tellement proche de la chute à plusieurs reprises dans cette fin de voie, simplement parce que j’étais complètement épuisé après avoir grimpé 40 mètres.


J'ai utilisé des genouillères pour l'une des premières fois de ma carrière, car j'ai remarqué que de nombreuses voies difficiles aujourd'hui les utilisent. Comme j'avais longtemps refusé de les adopter, je manquais de compétences dans ce domaine et j'avais vraiment besoin de m'entraîner. Donc oui, Flatanger est un excellent endroit pour s'entraîner. J'essaie d'apprendre des grimpeurs qui utilisent souvent des genouillères et d'adapter un peu mon style pour pouvoir essayer des voies plus difficiles avec cet accessoire."


Une ascension historique et une leçon de vie :


Malgré la complexité de la voie et son manque de préparation spécifique, Alex a réussi à enchaîner "Change" lors de son premier essai complet.


"J'étais vraiment ravi après avoir réussi la voie, car je ne m'attendais pas du tout à l'enchaîner lors de cet essai. Je savais que c'était possible si tout se passait parfaitement, mais je n'avais pas réussi à franchir la première ou le deuxième longueur individuellement, donc je savais qu'il me fallait une tentative exceptionnelle pour avoir une chance. Cette tentative réussie a été, en quelque sorte, la première vraie tentative que j'ai faite depuis le sol. Oui, ça a été un énorme combat et c'était extrêmement gratifiant, mais aussi très stressant, car je n'avais jamais enchaîné de grandes sections de la voie auparavant."


Pour Alex, "Change" n'est pas seulement une réalisation personnelle, c'est aussi une connexion avec l'histoire de l'escalade.


Cette voie a une grande importance pour moi. C'est seulement ma troisième voie en 9b+, et c'est un morceau d'histoire. C'était la première voie en 9b+ réalisée par Adam en 2012, ce qui en fait un véritable morceau d'histoire. De plus, Flatanger est un lieu emblématique et historique. C'est donc super cool d'être de retour ici après neuf ans.


Mais au-delà des chiffres et des cotations, ce que Megos retient de cette expérience, c'est l'importance de l'amusement et du partage.


"Ce que j'aimerais partager, c'est que le plaisir est essentiel. Pour moi, c'est la clé. Et être bien entouré est tout aussi important. Avoir une bonne compagnie lors de mes voyages d'escalade a toujours été crucial pour moi, et cela fait une énorme différence."


Puis, un 9a expédié avec une touche inédite :


À peine remis de son ascension dans « Change », Alex Megos a poursuivi sur sa lancée avec une performance impressionnante à Flatanger. Enchaînant le 9a « Little Badder » au premier essai, Megos a surpris tout le monde en intégrant deux genouillères pour la première fois. Connu pour son aversion envers ce type d'équipement, il a néanmoins réussi à maîtriser ces accessoires pendant toute la durée de la voie




From the Paris olympics to his ascent of "Change": Alex Megos shares his story


The Paris 2024 Olympic Games were a pivotal moment for many athletes, but for German climber Alexander Megos, the event represented both a challenge and a lesson in resilience. Following his incredible performance on "Change," an iconic 9b+ route, he opens up about his experiences, emotions, and what these two events mean to him.


An olympic preparation with a bittersweet ending


When discussing the Paris Olympics with Alex Megos, his initial mindset was quite positive:


"My state of mind when arriving at the Paris Olympic Games was pretty positive. I wasn’t nervous or stressed; I was really looking forward to the competition, and I felt good."


However, despite these good feelings, the result didn’t meet his expectations.


"That’s why it’s even more disappointing that in the end, despite feeling good, I couldn’t fully show all my strength."


Alex had chosen to focus his efforts first on bouldering, knowing that a rest day between events would allow him to refocus on lead climbing.


"I chose to focus on bouldering first, knowing we would have a rest day between events. So all my attention was on bouldering. Once that event was over, I knew I could refocus. After that, my entire focus was on lead climbing. I never really saw it as a combined competition because there was a lot of time between the bouldering and lead events."


However, despite meticulous preparation and optimal form, the disappointment is still palpable in his words. An unexpected foot slip prevented him from qualifying for the final, and even today, he struggles to understand what caused this mistake.


"What was most difficult for me to accept in Paris was that I felt really strong and in great shape on the wall, but I couldn’t show my true ability in lead climbing. It’s really disappointing and frustrating, especially since the entire previous lead season had gone very well for me. I don’t exactly know what kept me from revealing my full potential. Sometimes, I think it’s simply a matter of bad luck. And honestly, I think I was really unlucky with that foot slip. Everything seemed fine; I was in a good rhythm, and then my foot slipped totally unexpectedly.


I don’t know exactly how much I missed out on making the finals, but if I hadn’t slipped, I think I could have easily made it because I felt really strong. I didn’t need to go very far up the routes to qualify."


Even though the frustration remains, Alex Megos maintains a philosophical perspective on the event.


"What I take away is that even if you feel good, unforeseen things can always happen. Sometimes, you can’t control everything, and you have to learn to deal with those situations. The ideal is to compete a lot and train to avoid making these kinds of mistakes. No, I wouldn’t say the Paris Olympics changed my perspective on climbing competitions. It just reminded me that bouldering isn’t always very fun, and it’s not always exciting to watch either. On the other hand, I think lead climbing remains interesting to watch, even for spectators who aren’t very familiar with climbing."


"Change": A surprise ascent in Norway


After the disappointment of the Olympics, Alex didn’t expect such a success on rock.


"When I came to Norway, I didn’t really intend to change anything. I just wanted to go on vacation and climb somewhere, and Norway seemed like a good choice for summer. So, my girlfriend and I went there. Later, I wanted to try another route. But since ‘Change’ already had quickdraws in place because Cork was trying it, I decided to seize the opportunity. That’s how I found my new project."


He tells us more:


"The route is made up of two pitches. The first pitch is equivalent to a 9a/9a+, and the second to a 9a. The L1 includes the famous move that requires a lot of energy with a very tight box grip, where you have a very high foot and place a big knee almost immediately after the start, which prevents you from getting tired too quickly. Then you have to make the first boulder move before climbing calmly to the first anchor.


The second pitch is more endurance-based. It has a small crux at the beginning, and the rest of the route might be equivalent to a technical 8b+, but it’s very exhausting, with many difficult sections. In the end, endurance becomes the real challenge. I was so close to falling several times at the end of the route, simply because I was completely exhausted after climbing 40 meters.


I used kneepads for one of the first times in my career because I noticed that many hard routes today use them. Since I had long refused to adopt them, I lacked skills in this area and really needed to practice. So yes, Flatanger is an excellent place to train. I’m trying to learn from climbers who often use kneepads and adapt my style a bit to be able to try harder routes with this accessory."


A historic ascent and a life lesson


Despite the route’s complexity and his lack of specific preparation, Alex managed to send "Change" on his first full attempt.


"I was really thrilled after sending the route because I didn’t expect to send it on that attempt. I knew it was possible if everything went perfectly, but I hadn’t managed to complete the first or second pitches individually, so I knew I needed an exceptional attempt to have a chance. This successful attempt was, in a way, the first real attempt I made from the ground. Yes, it was a huge battle and extremely rewarding, but also very stressful because I had never sent large sections of the route before."


For Alex, "Change" is not just a personal achievement; it’s also a connection with the history of climbing.


"This route is very important to me. It’s only my third 9b+ route, and it’s a piece of history. It was the first 9b+ route done by Adam in 2012, making it a real piece of history. Moreover, Flatanger is an iconic and historic place. So, it’s super cool to be back here after nine years."


But beyond the numbers and grades, what Megos takes away from this experience is the importance of fun and sharing.


"What I’d like to share is that fun is essential. For me, it’s the key. And being well surrounded is just as important. Having good company on my climbing trips has always been crucial for me, and it makes a huge difference."


Then, a 9a dispatched with an unexpected twist:


Barely recovered from his ascent of "Change," Alex Megos continued his impressive streak at Flatanger. Sending the 9a "Little Badder" on his first attempt, Megos surprised everyone by using knee pads for the first time. Known for his aversion to this type of gear, he nonetheless managed to master these accessories throughout the climb.



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