La première édition des Championnats d'Europe de Para Escalade, qui s'est tenue à Villars, a marqué une étape décisive pour cette jeune discipline en pleine expansion. L'équipe de France a réalisé une performance remarquable en décrochant trois médailles d'or et en plaçant cinq de ses grimpeurs en finale, affirmant ainsi sa position de leader sur la scène européenne.
Les catégories de compétition en para escalade
Pour mieux comprendre les performances des athlètes, il est essentiel de rappeler les différentes catégories de compétition en para escalade :
Déficient Visuel (Classes B1 à B3) : Les grimpeurs de cette catégorie sont malvoyants ou aveugles. Pour garantir l'égalité des conditions, tous les athlètes portent un masque opaque et sont accompagnés par un guide dans l'aire de compétition. Ils communiquent à l'aide d'un moyen de communication portatif pour recevoir des instructions et des conseils en temps réel.
Déficient Physique (Classes AL1-2 et AU1-2) : Cette catégorie regroupe les grimpeurs ayant une déficience physique affectant soit les membres inférieurs (AL1-2) soit les membres supérieurs (AU1-2). Selon le niveau d'impairment, les athlètes sont classés dans l'une des sous-catégories.
Force ou Stabilité Limitée (Classes RP1 à RP3) : Ces classes concernent les grimpeurs dont la mobilité ou la stabilité est réduite, mais qui possèdent une force suffisante pour grimper. Les catégories RP1 à RP3 varient en fonction du degré de limitation physique, permettant aux athlètes de concourir dans des conditions adaptées à leur capacité.
Une équipe de France impressionnante à Villars :
Lors de cette compétition, la France a envoyé huit grimpeurs, dont trois n'ont malheureusement pas atteint les finales : Mélissa Cesarone (B2), Anthony Guillen (AU2), et Ewen Clodic (AU3). Cependant, cinq athlètes français ont réussi à se qualifier pour les finales, témoignant du talent et de la préparation de l'équipe. Ces finalistes sont :
- Bastien Thomass en RP3
- Aloïs Pottier en RP1
- Erwan Lievin en AU3
- Solenne Piret en AU2
- Lucie Jarrige en AL2
Trois médailles d'or pour les bleus
Sous la brume persistante de Villars, qui a retardé les finales et maintenu une atmosphère humide, trois grimpeurs français se sont distingués en remportant la médaille d'or dans leurs catégories respectives. Aloïs Pottier (RP1), Solenne Piret (AU2), et Lucie Jarrige (AL2) ont surmonté les défis posés par les conditions météorologiques pour s'imposer comme les meilleurs grimpeurs de cette première édition.
Une discipline en plein essor vers les Jeux Olympiques de 2028
Ces Championnats d'Europe à Villars symbolisent le développement rapide de la para escalade, une discipline qui sera officiellement intégrée au programme paralympique lors des Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028. Cette reconnaissance internationale est une étape cruciale pour le sport, qui continue de gagner en popularité et en importance. La performance de l'équipe de France, avec ses trois médailles d'or, démontre non seulement son potentiel mais aussi l'avenir prometteur de ce sport.
Voici quelques témoignages des athlètes français :
Lucie Jarrige :
"Premier championnat d'Europe para de l'histoire marqué par des conditions difficiles pour les finales : une météo déplorable (bruine et brouillard) décalant le début des épreuves de deux heures. Soit un isolement de 6 heures pour ma part (un des plus longs de ma carrière). Mais l'attente en valait la chandelle avec une très belle voie de finale à l'ouverture technique sur un mur déversant comme je les aime tant. 🤩 Je suis très satisfaite de ma performance, même sans top au vu des conditions particulières de cette compétition, qui, pour la première fois, n'aura été marquée par aucun top en finales toutes catégories confondues."
Aloïs Pottier :
"Durant la phase de lecture, nous sommes autorisés à lire la voie. Je l'estime dans le 6c+ voire 7a. Je repère les endroits complexes, là où je pourrais me relâcher.
Je suis rentré dans ma voie calme et concentré. J’ai bien progressé, mais j’ai chuté aux 2/3 de la voie parce que j’ai mal posé mon pied, et quand j’ai mis du poids dessus, j’ai décroché. Sur le coup, je m’en suis un peu voulu, car physiquement, je sentais que je pouvais aller plus haut, mais quand j’ai connu mon résultat, j’étais quand même content.
Ce qu’on se dit pour se motiver avec Jean Cheminade, un coéquipier de l’équipe de France : Le résultat compte peu, il suffit seulement d’une prise de plus."
Erwan Lievin :
"J'ai changé de catégorie l'année dernière, je me bats contre des grimpeurs qui peuvent pincer les prises des deux mains et être bras tendus, ce qui n'est pas mon cas... Les compétitions sont donc difficiles à aborder en termes de résultats. Cependant, j'ai quand même réussi à aller en finale dans cette catégorie ! J'étais hyper content et déterminé à tout donner en finale.
En finale, quand je lis la voie, je vois une section avec des pinces suivies de trois réglettes... Je savais déjà que je ne pourrais pas aller plus loin dans la voie... Je suis donc arrivé à poser une grimpe dont je suis fier jusqu'à ce niveau, et je suis tout de suite tombé sans vouloir me battre plus que ça dans les réglettes... C'est difficile à gérer quand la voie n'est pas faite pour toi...
Mais je positive et me dis que, quand les voies me conviennent, je suis très proche de mes concurrents, et je suis très pressé de voir si je vais pouvoir les atteindre un jour ou l'autre !!"
📷 : IFSC
🗞 : GrimpActu.